A DEUX DOIGTS DE ZORAN

Une histoire d'amour douce et belle comme un concerto de XVVIIIe , où la musique a quelque chose de charnel. L'auteur écrit ainsi des sentiments plus ou moins intenses tout au long de ce récit étrange, poétique et même passionnel qu'il ose relever par une séquence érotique narrant sans trop la nommer une étreinte plus modérée que débridée, sucrée juste ce qu'il faut, presque sage qui " vibrerait comme une immense lyre. Dans le frémissement d'un immense baiser " pour citer Rimbaud. Un roman que l'on dévore et dont on ne peut s'échapper avant le mot FIN.

A deux doigts de Zoran submerge le lecteur dans une partition tantôt dévastatrice, tantôt légère ou sublime. Gravité ? Noirceur ? Ce serait là compter sans la gouaille et l’humour dont Gaston Hénuzet émaille son étrange récit. Cette drôlerie qui, loin de l’affadir, déshabille la tragédie de ses scories pour la présenter à l’état brut. Le comique, cette distanciation à l’extrême dont la pseudo-vocation d’orchestrer le sourire masque celle, plus réelle, profonde et charnelle, de nous faire ressentir et partager les passions de ces jeunes gens. Sans ambages, l’on s’identifie à Laure et Zoran, avec cet instinct de Dons Quichottes avides d’absolu qui fait de nous, lecteurs, les miroirs privilégiés des mots et de la musique de ce conte intemporel.

Quel bonheur de lecture! Comme dans Les pétales de Ludwig, j'ai aussitôt été passionné par l'intrigue. Il faut dire que le roman démarre à cent à l'heure: la visite chez Laure, le malentendu et la réaction impulsive comme il peut y en avoir tant dans la vie, l'accident, la séparation... Je me suis réellement attaché aux trois personnages principaux et accroché au cheminement douloureux de Laure. D'ailleurs je n'ai pu déposer le roman qu'après en avoir terminé la lecture. On est pris jusqu'au rebondissement final tout en appréciant la qualité de l'écriture.